L'incertitude économique : impact sur le moral des salariés et les solutions pour y faire face.

Face à l'incertitude économique actuelle, l'écosystème émotionnel des salariés est mis à rude épreuve.
Entendons-nous bien.

Nous ne sommes pas tous égaux face aux tensions économiques actuelles.
Si certains peuvent être satisfaits de la situation, d’autres sont plus interrogatifs, voire sceptiques, d’autres encore, carrément anxieux.
Point de jugement de valeur dans notre propos du jour.
Notre analyse révèle les mécaniques émotionnelles qui alimentent notre compréhension du monde. Ce n’est donc pas la question de savoir qui a raison…

1. Quand le risque et l’incertitude prédominent.

L’incertitude économique entraîne un climat de risques ressentis qui peuvent perturber la stabilité émotionnelle des salariés.
Cette instabilité crée un terreau fertile pour plusieurs types de peurs, exacerbées par la crise en cours, crise qui peut revêtir différentes formes : crise économique, crise politique, crise sociale …

Les salariés se retrouvent souvent à devoir naviguer dans des eaux incertaines, ce qui renforce leur anxiété.

- L'angoisse de l'avenir : La peur de perdre son emploi ou de ne pas pouvoir subvenir à ses besoins devient omniprésente.
Elle peut se manifester par des comportements d'hypervigilance ou une attention excessive aux signes de changements dans l’entreprise.

- Le doute sur les décisions managériales : Les stratégies d’entreprise deviennent floues ou paraissent incohérentes, ce qui nourrit la perception de manque de contrôle.

- La peur de l'exclusion sociale : Dans un environnement économique tendu, certains salariés peuvent craindre de ne pas faire partie des "survivants" si l’entreprise devait opérer des réductions d’effectifs ou des réorganisations.

Ces menaces affectent la manière dont chaque individu perçoit l’environnement de travail.
Certains peuvent se préparer à ces risques de manière rationnelle, tandis que d’autres se retrouveront paralysés par la peur.
Cette incertitude nourrit également la baisse du moral des salariés et entraîne une dégradation de la motivation et de l’engagement.

 2. Quand la sidération ou l’agacement occupent le devant de la scène.

Lorsque les salariés sont confrontés à une situation qu’ils jugent injuste ou incompréhensible, une forme de sidération s'installe. Ce phénomène est alimenté par le sentiment d'impuissance et d'injustice, créant une rupture émotionnelle dans le lien avec l’organisation, exacerbée par la crise économique.

- Injustices vécues : Des réductions de budget qui affectent de manière disproportionnée certaines équipes, des promotions annulées sans explication claire, des décisions managériales perçues comme arbitraires…    
Ces expériences peuvent provoquer de l’agacement, voire de la colère.

- Faits anormaux : Les comportements inconséquents des dirigeants, comme des changements de cap fréquents sans communication appropriée, peuvent être vécus comme un manque de respect et d'intégrité, alimentant le sentiment d’impuissance face à l'incertitude.
Dans ce contexte, l’écosystème émotionnel devient dysfonctionnel : les individus réagissent de manière plus intense que d’habitude à des situations qu’ils jugent irrationnelles ou déloyales.
Cela peut générer des tensions internes et une perte de confiance envers l’organisation, accentuant encore la crise du moral des salariés.

3. Quand le dépit ou la désillusion s’imposent à nous.

Avec le temps, l’incertitude peut conduire à un sentiment de dépit, ou pire, de désillusion.
L'accumulation des déceptions face aux attentes non réalisées crée un état où la motivation se dissipe et où l’énergie s’amenuise.
Ce phénomène est particulièrement visible en période de crise, où les salariés constatent un écart entre leurs attentes professionnelles et la réalité du marché du travail.

- Déceptions répétées :

Un manque de reconnaissance, des promesses non tenues ou des projets avortés peuvent entraîner un sentiment de "tout ça pour rien".

- Considérations fatalistes :

Lorsqu’un salarié commence à penser que "de toute façon, cela n’ira pas mieux", une forme de résignation s'installe.    
Cela peut se traduire par un désengagement progressif et une perte de confiance dans l’avenir de l'entreprise. 

Parmi les solutions :

Le bon sens au quotidien entre collègues :

-
Être à l’écoute, accueillir le ressenti, ne pas juger, proposer de l’aide…    
Ces gestes simples permettent de maintenir la cohésion d’équipe.
Dans un climat de travail tendu, les collègues peuvent jouer un rôle essentiel en offrant un espace d’expression émotionnelle, en partageant et validant les expériences émotionnelles des autres et en favorisant une atmosphère de solidarité. 

Aider les managers/gestionnaires à identifier les signaux faibles au sein des équipes pour les aider à adopter une posture ressource :

Les managers sont les premiers observateurs des changements émotionnels au sein de leurs équipes.
Voici quelques attitudes à repérer pour mieux comprendre l’état émotionnel des collaborateurs :  

- Attitudes anxieuses repérables par :

Un repli sur soi, des signes de fatigue excessive, des questions récurrentes sur l'avenir ou des comportements d'évitement (éviter les discussions sur l’avenir de l'entreprise).
Un salarié anxieux peut également avoir une difficulté à prendre des décisions et chercher constamment de l'assistance ou des réassurances.  

- Attitudes provocatrices pour lutter contre ce qui est perçu comme anormal :

Il peut s’agir de débats enflammés, de discours de résistance ou de contestation.
Les salariés qui perçoivent la situation comme injuste peuvent exprimer leur frustration à travers des actions et des propos qui remettent en question l’ordre établi ou les décisions managériales.  

- Attitudes de résignation :

L'isolement, le fatalisme inhabituel, la dévalorisation de soi, ou encore la perte de motivation dans les tâches quotidiennes.
Ces comportements indiquent un risuqe de désengagement profond et une perception négative de l’avenir.
Les salariés dans cette situation peuvent sembler absents, même s’ils sont physiquement présents.  

 
Idée de piste pour la communication d’entreprise autour des valeurs ?


Une communication régulière, transparente et empathique devient essentielle.

Les valeurs de l'entreprise doivent être réaffirmées à travers des messages qui montrent la solidarité et la responsabilité collective face aux défis économiques et sociétaux actuels. Il est important de reconnaître les émotions des salariés, de les rassurer le cas échéant tout en restant honnête quant aux réalités économiques et de renforcer l’idée que chacun a un rôle à jouer dans cette période de turbulences. 

Face à l’incertitude économique, il est plus crucial que jamais de prendre soin de l’écosystème émotionnel des équipes.

Une entreprise capable de comprendre et de contribuer à aider ses collaborateurs à réguler leurs émotions aura une meilleure chance de traverser les périodes difficiles avec succès.

La gestion émotionnelle n'est pas qu'une question de bien-être : elle est un levier de performance et de résilience.

En adoptant une approche empathique et proactive, les entreprises peuvent transformer une période de crise en opportunité, tant pour leurs collaborateurs que pour leur réussite à long terme. Le moral des salariés, au cœur de ce processus, devient un facteur clé de succès dans cette période d'incertitude.