Par Robert ZUILI – Psychologue Clinicien, spécialiste des émotions et de la relation (Août 2025)
Dans un article payant du journal français « Le Monde » , l’épisode 2 du « sens de la fête » publié le 5 août 2025, la journaliste Alice Raybaud présente des soirées festives non-mixtes comme La Bringue, qui se multiplient en France.
Ces événements, exclusivement réservés aux femmes, permettent à celles-ci de danser, s’habiller et se comporter librement sans craindre harcèlement, regards lourds ou agressions.
Le succès de ces soirées révèle un besoin urgent de sécurité pour des femmes dans un monde de la nuit souvent dominé par des comportements masculins intrusifs.
Face à cela, des collectifs organisent aussi des fêtes « safe » ou « safer », avec des règles claires sur le consentement et l’espace personnel.
Mais ces initiatives font parfois face à des critiques, des menaces… et une récupération marketing de lanotion de “safe space”.
Au fond, ces soirées posent une question sociale majeure : pourquoi les femmes doivent-elles s’exclure ou exclure les hommes pour se sentir libres ?
Je suis père de cinq filles.
Je suis psychologue spécialiste des émotions et de la relation.
Et je comprends parfaitement pourquoi des soirées non-mixtes comme La Bringue explosent partout en France.
Parce qu’elles permettent enfin aux femmes
- de danser sans avoir peur, là où ailleurs certains hommes n’ont peur de rien.
- de respirer sans être regardées comme un trophée.
- de vivre une soirée sans être suivies, touchées ou jugées.
Ce n’est pas un caprice.
C’est une réponse à un profond sentiment d’insécurité psychologique et émotionnelle.
Mais, que manque-t-il à certains hommes pour redevenir fréquentables ?
- Une éducation émotionnelle : comprendre ce qu’ils ressentent et ce qu’ils font ressentir aux femmes.
- Une capacité à gérer la frustration : l’autre n’est pas responsable de ma frustration. Il suscite un désir, une envie que je ne sais pas gérer…
- Une conscience que le désir n’est pas un droit : si je réduis l’autre à un statut d’objet, je fais une confusion, celle qu’il peut m’appartenir.
- Une empathie réelle : comprendre que la liberté d’une femme n’est pas une attaque contre leur virilité.
En tant que psy, je le dis sans détour :Le problème, ce n’est pas le désir masculin.
Le problème, c’est l’incapacité à le contenir, sans passage à l’acte, sans humour déplacé, sans geste équivoques, sans paroles ambigües.
Émotionnellement, la liberté des femmes fait peur à certains hommes parce qu’ils ne savent pas quoi en faire.
Alors ils la répriment, l’étouffent, l’attaquent, car ils se sentent menacés dans leur intimité masculine.
Et comme la meilleure des défenses est l’attaque, certains s’autorisent à mal traiter la femme pour recouvrer un semblant de contrôle et de pouvoir.
C’est juste navrant…
Ces espaces non-mixtes ne sont pas une vengeance. Ils sont une parenthèse pour respirer.
Et un signal d’alarme pour toute notre société.
Car si, pour qu’une femme se sente en sécurité, il faut qu’il n’y ait aucun homme dans la pièce… alors c’est à nous, les hommes, de nous interroger. Ce besoin d’exclusion temporaire des hommes n’est pas une condamnation, c’est un signal d’alarme. Il révèle une immaturité émotionnelle encore trop répandue, chez des hommes qui confondent désir et droit, et qui perçoivent la liberté des femmes comme une offense.
Je ne peux que soutenir la création d’espaces où elles peuvent respirer. Mais j’appelle aussi à une rééducation collective des émotions masculines. Car un homme fréquentable n’est pas un homme qui « ne dérange pas », qui n’ose plus tenter de séduire, qui doit s’effacer, c’est un homme qui comprend et respecte la liberté de l’autre, y compris quand elle est source de désir.
Comment aider certains d’entre-nous qui pourraient considérer qu’être fréquentable, agréable, respectueux ce serait se soumettre ?Qu’en pensez-vous ? Est-ce qu’on en parle assez ?
Et comment, selon vous, rééduquer la relation homme/femme dans les espaces publics et festifs ?
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